NON au barrage de SIVENS !

Protégeons sa zone humide du testet !


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Voici notre témoignage d'une journée passée à la

 

ZAD du Testet le samedi 25 octobre 2014.



Nous sommes arrivés sur place en début d'après midi, nous devions traverser un sentier au cœur de la forêt avant d'arriver sur la ZAD à 30 minutes de marche à peu près, une belle forêt, on se serait cru en pleine balade, on imaginait nos chiens nous accompagnant et on en oubliait presque que de l'autre côté des dizaines d'hectares de forêt avait été complètement détruits.

Puis sans prévenir, il y eut une grosse ouverture devant nous qui surplombait la ZAD, on était arrivés au bout du chemin, nos esprits sont vite revenus à la réalité et le constat en arrivant sur place est sans appel : un paysage de désolation s'est ouvert devant nous, c'était nos premiers pas sur la ZAD !!!


Des milliers d'arbres découpés, broyés, une terre meurtrie, stérile ...sans vie ...les oiseaux, les animaux, ont déserté les lieux, nous n’avions pas de mots pour décrire ce que l'on ressentait, le temps que notre cerveau accepte ce spectacle morbide !

Contre ce désastre écologique les citoyens se mobilisent, on aperçoit des croix plantées dans le sol, symbolisant les arbres tombés, des chapiteaux, des tentes sont dressées, quelques cabanes dans les arbres sont visibles.
Tout le monde s’organise.


Nous avons croisé beaucoup de monde, tout le monde se dit "bonjour", tout le monde se respecte, il y avait vraiment la chaleur humaine de tous les militants venus pour la même cause qui remontait malgré tout le moral.

 

C’est une sensation bizarre de ne faire qu'un avec tout ce monde, d'être avec des personnes qui ont la même vision des choses, dans un tel contexte où toute vie a été tout simplement anéantie en quelques jours, on ressent de la tristesse de cette vie perdue, mais l’espoir en nous renaît d’être tous réunis dans la Zone A Défendre .

Tout se déroulait dans le calme et le pacifisme le plus total !

 

La plupart des militants s'était tous réunis à la "métairie" où se déroulait des débats sur ce fameux barrage, certaines personnalités prennent la parole à tour de rôle, à l’opposé de la forêt détruite, à environ 2 kms on aperçoit des CRS qui attendent, on se demandait pourquoi ils étaient là ? Il ne devait pas y avoir de CRS selon le préfet, ce jour de rassemblement !

Vers 15h30 un cortège de militants pacifiques s'est mis à avancer en direction des CRS, nous les avons donc suivi avec notre caméra .

Arrivé près des CRS nous avons donc vu pourquoi ils étaient là, ils surveillaient en fait une dalle en béton, trente CRS étaient là pour défendre une dalle en béton ... Des fossés avaient été creusés et remplis d'eau pour l'occasion autour de cette dalle qui était également clôturée... nous avons tenté le dialogue, mais pas de réponse de la part des CRS, mis à part des petits clins d'œil provocateurs.

La présence de CRS a mis le feu aux poudres ! Il n'y aurait pas eu de CRS, aucun débordement n'aurait été à déplorer ce week-end de rassemblement pacifique et les autorités savent que la présence de CRS et gendarmes mobiles armés met une tension supplémentaire aux militants déjà en colère de voir cette zone humide dévastée, les CRS ne sont pas là pour dialoguer, mais pour défendre les intérêts du barrage ... alors pourquoi cette ultime provocation ?


La tension est palpable, une discussion houleuse avec un CRS, une parole plus haute que l'autre, un CRS repousse un militant avec force le faisant tomber ... la colère monte de plus en plus, des militants crient au CRS d'arrêter en mais vain, les "forces de l'ordre" se déploient sur les hauteurs formant une ligne, pendant ce temps un petit groupe de militants "armés" de bouclier de fortune s'avance vers la forêt pour défendre la position des éventuels jets de lacrymo, et la première bombe lacrymogène est lancée vers ces militants !!! Les grenades explosent, la vision est terrible, la fumée prend place, la zone humide s'enflamme !!!

 

L’affrontement commence, nous y sommes en plein coeur et décidons d'aider nos amis militants et de filmer toute la scène avec notre caméra !

Les bombes lacrymogènes ont mis le feu sur un flan de colline, certains militants tentent de calmer le jeu en disant aux CRS qu'il y a le feu à cause des bombes et qu'ils feraient mieux d'appeler les pompiers ! Mais les CRS sont près à en découdre avec les militants, le message était clair, les bombes lacrymogènes et assourdissantes étaient littéralement "jetées" sur les militants, pas à proximité pour faire fuir ...

 

Nous avons été totalement convaincus que les CRS étaient là pour en découdre quand ils se sont mis à nous jeter des cailloux !! C’était la guerre qui était déclarée, et ils l'ont eu malheureusement, des journalistes indépendants on tenté de filmer cette scène mais des gendarmes mobiles qui étaient venu en renfort, (près de 26 camion de gendarmes mobiles et CRS étaient présents) les ont repoussé avec des gaz lacrymogènes, ils ne voulaient sans doute pas que des journalistes puissent filmer les jets de pierres venant de certains GM ou CRS et les bombes lancées sur les militants !!

Plus tard alors que les choses commencent à se calmer, un militant tente une fois de plus le dialogue et s'est approché des gendarmes, les mains en l'air, il n'était pas dangereux et était là pour calmer le jeu, mais les gendarmes l'ont quand même gazé à bout portant en plein visage et l’ont repoussé avec violence ! Ensuite les gendarmes ont tenté de nous repousser en passant par les bois au dessus de notre position, en abusant de flash ball avec des tirs beaucoup trop proches des militants, risquant là aussi de tuer quelqu'un !

Nous avons pu voir aussi la solidarité entre militants, des personnes venaient avec de grands sacs remplis de sérum physiologique, de bouteille d'eau afin d'aider les plus touchés par les gaz, un beau moment dans ce spectacle de terreur !

Ce jour les gendarmes et CRS auraient pu tuer des dizaines de personnes, les tentatives d'intimidation et l'usage de la force font des blessés parmi les citoyens, malgré tout une chaîne humaine se forme et vient se positionner face aux gendarmes, une tranchée séparant chaque groupe. Des hommes et des femmes habillés symboliquement en arbres face à ces hommes défendant la folie de certains.


L’affrontement à duré de 17h à 21h ! Et dans la nuit de samedi à dimanche un jeune militant est mort à cause d'une de leur grenade, ce jeune homme s’appelait Rémi, 21 ans, il était comme nous, il était là pour défendre la nature !! Nous ne sommes pas en démocratie, cette journée d'affrontement nous le prouve comme des dizaines d'autres affrontements qui ont eu lieu à la ZAD du Testet et ailleurs contre ceux qui défendent le vivant, l'humanité, notre planète, et ce terrible drame nous confirme malheureusement que l'état Français est en guerre contre son peuple et préfère défendre les intérêts d'un petit groupe de businessman qui détruisent tout sur leur passage !


Nous rentrons la gorge serrée, dégoûté .

Nous ne lâcherons pas, et nous y retournerons plus déterminés que jamais afin d'aider celles et ceux qui sont sur places, et afin d'aider la nature à reprendre ses droits.